Les formations courtes en ligne se multiplient et ne cessent de gagner en popularité, notamment chez ceux qui souhaitent acquérir des compétences ciblées pour ajouter de la valeur à leur profil professionnel. Dans toute cette frénésie où émergent de nouveaux termes et concepts, certains sont mal compris et parfois confondus. C’est le cas des microcertifications et des badges. Voyons de plus près ce qui distingue ces deux concepts et pourquoi il importe de bien saisir leur différence.

De façon générale, les microcertifications désignent des formations et certifications ciblées de courte durée. Elles sont offertes par différents types de prestataires, publics et privés, tels que des établissements d’enseignement supérieur, des organismes d’enseignement et de formation professionnelle, des entreprises, des ONG, des organismes industriels, etc. Il faut savoir qu’il n’existe pas de définition exhaustive ou universelle de ce concept et que la qualité des formations et les normes de certifications peuvent grandement varier. Cela dit, d’importantes initiatives ont vu le jour dans plusieurs pays au cours des dernières années afin d’accélérer l’intégration de ce concept dans les institutions d’enseignement supérieur.

Au Canada, l’usage du terme « microtitres de compétences » est privilégié notamment par le chef de file dans le domaine, eCampusOntario, pour identifier les microcertifications dispensées par les institutions d’enseignement supérieur.

« Récemment, des progrès importants ont été réalisés pour convenir d’un consensus de définition et d’une convergence conceptuelle, et ce, tant au niveau mondial qu’au Canada. De plus en plus, les intervenants canadiens considèrent que les microtitres de compétences sont :

  • définis par l’accent mis sur des aptitudes et des compétences précises;
  • attribués sur la base d’une évaluation;
  • pertinents pour l’employeur ou l’emploi;
  • flexibles en ce qui a trait à leur lien avec d’autres formes d’accréditation;
  • des cours d’accréditation de courte durée. »

L’intégration des microtitres de compétences dans le système d’enseignement établi a entre autres l’avantage de donner des balises rigoureuses à des formations courtes et ciblées et, par conséquent, de la valeur. Ce concept est toutefois souvent confondu avec celui des « badges » (ou « badges numériques »), qui sont en fait des emblèmes des compétences acquises. Tel que l’explique eCampusOntario, « la principale différence réside dans le fait que le titre de compétences est intégrable ou non, ce qui signifie qu’il peut figurer sur un relevé de notes traditionnel d’un collège ou d’une université ». Plus précisément, alors que « les badges peuvent concerner n’importe quel domaine et être attribués par n’importe qui », les microtitres de compétences sont :

  • « liés à un ensemble de normes ou de compétences formellement approuvées ou acceptées;
  • enseignés de manière formelle par un professeur ou un mentor qui a la responsabilité de s’assurer que l’étudiant apprend et répond aux attentes pour l’attribution du microtitre de compétences;
  • peuvent être cumulables pour obtenir un titre de compétences reconnu par d’autres établissements.

La valeur réside dans l’apprentissage de la compétence ou de la connaissance particulière (Contact Nord, 2020). En bref, le microtitre de compétences est le programme d’études et le badge est une représentation de la réussite de son apprentissage ».

Un badge est qualifié de « numérique », puisqu’il s’agit d’un fichier numérique conféré par un organisme émetteur à un apprenant qui comporte une représentation visuelle ainsi que des métadonnées informatives vérifiables et infalsifiables. Il peut servir à motiver l’apprenant dans un parcours d’apprentissage, à reconnaître ses accomplissements ou apprentissages, ou encore à certifier qu’il a acquis des connaissances ou développé des compétences.

Les badges numériques sont utilisés comme représentation visuelle pour la reconnaissance des microtitres de compétences. En effet, tout microtitre de compétences doit être reconnu par une forme de certificat d’achèvement ou de réussite d’un établissement ou de badge numérique qui précise les résultats d’apprentissage obtenus ou les compétences acquises. La majorité des microtitres de compétences sont émis sous forme de badges, plus précisément de badges numériques ouverts, une option technologique qui facilite leur vérification et leur gestion.

Un badge numérique est dit « ouvert » lorsqu’il s’agit d’un « badge numérique conçu dans un système libre de droits et standardisé, pouvant être utilisé par tout organisme émetteur qui le souhaite » (Grand dictionnaire terminologique, OQLF). À la différence des badges numériques « fermés », il peut aussi être rendu public par l’apprenant à qui il est décerné — qui en devient le détenteur et le gestionnaire —, et notamment être partagé sur ses réseaux sociaux ou ajouté à son CV en ligne à l’aide d’un lien (URL). L’émetteur a cependant la possibilité de donner une date limite à l’utilisation du badge numérique ou du certificat de microtitre de compétences.

En conclusion, bien qu’ils soient liés, les concepts de microcertifications et de badges sont bel et bien distincts. Alors que le premier évoque un contenu de formation et de certification, le second est une représentation visuelle de son achèvement. Ainsi, si la plupart des microcertifications sont émises sous forme de badges, les badges ne représentent pas toutes des attestations de microcertifications. Et pour ajouter un degré de complexité, il faut garder en tête que dans le foisonnant paysage des microcertifications, celles-ci sont offertes par différents types de prestataires et qu’elles ne sont pas toutes de qualité égale. Seules celles qui sont dispensées par les institutions d’enseignement supérieur, et qui gagnent à être connues sous l’appellation de « microtitres de compétences », peuvent figurer sur un relevé de notes traditionnel d’un collège ou d’une université et sont enseignées et évaluées selon des normes rigoureuses.

Catherine Meilleur

Auteure:
Catherine Meilleur

Stratège en communication et Rédactrice en chef @KnowledgeOne. Poseuse de questions. Entêtée hyperflexible. Yogi contemplative

Catherine Meilleur possède plus de 15 ans d’expérience en recherche et en rédaction. Ayant travaillé comme journaliste, vulgarisatrice scientifique et conceptrice pédagogique, elle s’intéresse à tout ce qui touche l’apprentissage : de la psychopédagogie aux neurosciences, en passant par les dernières innovations qui peuvent servir les apprenants, telles que la réalité virtuelle et augmentée. Elle se passionne aussi pour les questions liées à l’avenir de l’éducation à l’heure où se pointe une véritable révolution, propulsée par le numérique et l’intelligence artificielle.