De l’encodage au rappel, en passant par la consolidation, le stress peut mettre du sable dans l’engrenage de chacune des étapes clés de la mémorisation. En fait, il représente l’un des plus grands obstacles au bon déroulement de ce processus. Même une fois qu’une information est enregistrée dans notre mémoire à long terme, le stress peut nous empêcher momentanément de la récupérer. Cela dit, la relation entre stress et mémoire relève d’une chimie complexe dont certains aspects pourraient vous surprendre. En voici un aperçu!
Mécanisme de survie. La réaction de stress est un mécanisme de survie qui vise à mobiliser l’énergie nécessaire pour combattre ou fuir un danger dès que nous percevons que notre intégrité physique ou psychologique est menacée. Essentielle à l’époque préhistorique, cette réponse physiologique qui a perduré jusqu’à nos jours est, disons-le, moins adaptée pour l’homo modernus, qui fait rarement face au quotidien à de réelles menaces pour sa survie. Par conséquent, nous devons apprendre à « gérer » notre stress pour éviter qu’il devienne chronique — car trop souvent répété et même simplement anticipé —, forme sous laquelle il peut causer bien des maux physiques et psychologiques, alors que s’affaiblit notre système conçu pour y répondre.
Certains font la distinction entre un stress négatif et un stress positif, en qualifiant ce dernier d’« eustress » et en l’associant à un stress de courte durée qui donne l’énergie et l’élan nécessaire pour relever un défi, augmenter sa performance, stimuler à créer, etc. Que l’on parle de stress ou d’eustress, les mécanismes physiologiques en action sont les mêmes.
À la source. Le stress est provoqué par une situation qui présente une ou plusieurs des quatre caractéristiques suivantes : la diminution du sens de Contrôle, l’Imprévisibilité, la Nouveauté ou la menace à l’Égo; le tout désigné par l’acronyme C.I.N.É. (Sonia Lupien, Ph. D., et le Centre d’études sur le stress humain (CESH)). Certaines sources de stress nous touchent tous invariablement (subir une catastrophe naturelle, par exemple), alors que d’autres sont subjectives et affectent chaque individu à des degrés variables (passer un examen, par exemple).
Sentir son cœur qui débat, transpirer, avoir les mains moites, devenir hypervigilant et prêt à réagir, ce sont là quelques-unes des manifestations du stress qui nous préparent à « sauver notre peau »; des signes qui résultent de la production et de la libération d’adrénaline et de cortisol, hormones dites « du stress ». Ces hormones transmettent leur message aux cellules de différentes parties de l’organisme, y compris du cerveau.
Hormones qui stimulent la mémoire. Les zones cérébrales où logent le plus de récepteurs d’hormones du stress sont l’hippocampe, l’amygdale et le cortex préfrontal, trois régions interconnectées impliquées dans le développement de nouvelles mémoires. Et l’un des effets du cortisol est précisément d’aiguiser notre acuité à mémoriser les informations qui, en situation de stress, sont utiles à notre survie, afin que nous soyons avertis et mieux outillés advenant une expérience similaire.
Cela dit, des hormones de stress sont aussi sécrétées lorsque nous vivons des moments marquants… heureux. En fait, les événements qui déclenchent en nous des émotions fortes, positives ou négatives, ont le pouvoir de capter davantage notre attention et sont mieux mémorisés. C’est ce qui explique que nous nous souvenons en détail du contexte dans lequel nous nous trouvions par exemple le 11 septembre 2001, un phénomène qui porte le nom de « souvenir flash » (ou flashbulb memory en anglais), et qui relève de notre mémoire autobiographique.
Trop ou… pas assez d’hormones du stress. Après avoir mené des études sur le sujet, le Centre d’études sur le stress humain a démontré que notre capacité à apprendre et à mémoriser de nouvelles informations est moindre lorsque nous sécrétons trop d’hormones de stress, mais aussi trop peu. Des résultats qui indiquent que les hormones du stress — et plus précisément un taux « normal » d’hormones du stress — seraient essentielles au bon fonctionnement de la mémoire.
D’autres chercheurs ont pour leur part remarqué dans leur étude une corrélation entre un niveau élevé de cortisol et un fonctionnement altéré de la mémoire et de la perception visuelle allant de pair avec des changements au niveau microstructurel dans le cerveau ainsi qu’un plus faible volume cérébral, en particulier chez les femmes (Echouffo-Tcheugui et al., 2018). Mentionnons enfin que les auteurs d’une étude longitudinale menée auprès de quelque 500 personnes âgées ont observé un lien entre le stress chronique et un risque accru de subir un déclin cognitif léger de type amnésique, un déclin cognitif — potentiellement réversible — qui se caractérise entre autres par une perte de mémoire et qui représente un facteur de risque de la maladie d’Alzheimer (Katz et al., 2016).
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Auteure:
Catherine Meilleur
Rédactrice de contenu créatif @KnowledgeOne. Poseuse de questions. Entêtée hyperflexible. Yogi contemplative
Catherine Meilleur possède plus de 15 ans d’expérience en recherche et en rédaction. Ayant travaillé comme journaliste, vulgarisatrice scientifique et conceptrice pédagogique, elle s’intéresse à tout ce qui touche l’apprentissage : de la psychopédagogie aux neurosciences, en passant par les dernières innovations qui peuvent servir les apprenants, telles que la réalité virtuelle et augmentée. Elle se passionne aussi pour les questions liées à l’avenir de l’éducation à l’heure où se pointe une véritable révolution, propulsée par le numérique et l’intelligence artificielle.
Merci pour ce post.
Où puis-je trouver les références scientifiques ?
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