Formation en ligne, formation à distance, formation ouverte à distance, formation numérique, MOOC… certains de ces termes sont-ils synonymes? L’un est-il la version moderne de l’autre? A-t-on affaire à des modalités tout à fait distinctes? Pas facile de s’y retrouver, surtout lorsque de tels concepts continuent d’évoluer et que des nuances s’immiscent entre les usages qu’en font les uns et les autres. Sans prétendre à l’exhaustivité, tentons en trois questions d’y voir un peu plus clair!
Pourquoi est-ce plus juste de nos jours de parler de formation en ligne plutôt que de formation à distance?
La formation en ligne est la version moderne de la formation à distance (FAD), puisqu’elle sous-entend une connexion à un ordinateur, une tablette ou un téléphone intelligent. Elle se déploie sur une plateforme d’apprentissage, soit un site web hébergeant du contenu didactique conçu pour faciliter le déploiement de stratégies pédagogiques. Dans plusieurs cas, elle intègre le « Web 2.0 », soit les techniques, fonctionnalités et usages du web participatif qui permettent aux usagers d’interagir entre eux ainsi que de créer ou de modifier du contenu; on pense entre autres aux réseaux sociaux, aux plateformes d’échange et aux sites collaboratifs.
Notons toutefois que certains utilisent l’appellation formation à distance pour la distinguer de la formation ouverte à distance (FOAD). C’est le cas de Denis Cristol qui dans son ouvrage « Former, se former et apprendre à l’ère numérique – le social learning » précise que par rapport à la FAD, la FOAD « se distingue par une plus grande autonomie de l’apprenant, qui peut entrer et sortir du dispositif, par sa flexibilité dans la gestion autonome de son temps et de ses objectifs, et enfin par l’absence de prérequis. »
La formation numérique est-elle un sous-type de formation en ligne?
Le terme « formation numérique » – dérivé du digital learning anglais – ne désigne pas une catégorie d’apprentissage en ligne comme le MOOC, par exemple, mais plutôt la nouvelle réalité du monde de l’enseignement et de l’apprentissage transformé par les technologies numériques. Et cette nouvelle réalité n’est pas limitée à la formation en ligne, puisque ces technologies ont aussi fait leur entrée dans la classe traditionnelle. S’il existe plusieurs interprétations du terme « numérique », on peut en privilégier ici une définition globale selon laquelle il comprend « un ensemble de pratiques et de visions du monde amenées par un système complexe de production et de circulation du savoir, mis en place principalement par l’Internet et le Web au cours des années 1990 » (Marcello Vitali-Rosati).
De manière plus précise et toujours reliée à l’apprentissage, mais cette fois-ci avec l’apprentissage en ligne, on peut recourir au terme « dispositif de formation numérique » pour décrire « un système basé sur une plateforme numérique en ligne permettant l’hébergement, la consultation et le téléchargement d’un contenu visant à accompagner des apprenants dans un processus d’apprentissage structuré » (Sébastien Stasse). Ainsi l’apprentissage en ligne inclut l’utilisation d’un dispositif de formation numérique.
Quelle est la différence entre un cours en ligne offert massivement (MOOC ou CLOM, en français) et une formation ouverte à distance (FOAD)?
Le cours en ligne ouvert et massif, que l’on désigne le plus souvent par l’acronyme MOOC (pour Massive Open Online Courses), est un cours en ligne offert gratuitement à tous qui peut être suivi par des dizaines de milliers de personnes, mais qui n’aboutit à aucune diplomation et rarement à une certification. Dans sa forme classique, le MOOC est enregistré à l’avance et sa diffusion comporte un nombre prédéfini de séances, dont le début et la fin sont fixés à l’avance, et qui peuvent être diffusées sur quelques semaines ou quelques mois. Le MOOC peut toutefois aussi être présenté en direct et permettre, à l’aide des outils du Web 2.0, la tenue d’interactions entre les participants de même qu’avec le formateur.
Le MOOC donne accès à trois types de ressources : des cours en ligne (filmés ou écrits), des ressources d’accompagnement (tutoriels, glossaire, etc.) ainsi que des ressources d’animation (interaction entre participants avec le Web 2.0, infolettre, etc.). Plusieurs universités dans le monde conçoivent depuis une dizaine d’années des MOOC qui participent à leur visibilité à l’international, afin notamment d’attirer des étudiants étrangers. Notons que l’arrivée des MOOC dans le domaine de la formation continue est plus récente que celle de la FOAD et encore limitée. Faisant partie du mouvement mondial de « ressources éducatives libres » – terme adopté pour la première fois lors du forum 2002 de l’UNESCO –, le MOOC suppose une forme d’autoapprentissage ou d’autoformation (Voir Autoformation 101).
La formation ouverte à distance (FOAD) n’exclut pas l’autoformation, mais cette caractéristique ne lui n’est pas aussi inhérente qu’elle l’est dans le cas du MOOC. Pouvant inclure la présence d’un formateur et d’un groupe d’apprenants, la FOAD peut comprendre des activités d’apprentissage individuel de même que des activités d’apprentissage coopératif. Il est par ailleurs possible d’intégrer ce type de formation à une formation dite « hybride » ou « mixte » – dont une partie se déroule en distanciel et l’autre en présentiel.
On peut dire que la logique d’apprentissage (savoir-faire) de la FOAD s’oppose à la logique de « simple » accès à de l’information (savoir) du MOOC. C’est que la FOAD est une situation de formation structurée, centrée sur l’apprenant et qui comporte un cheminement pédagogique visant à répondre aux besoins individuels, par le biais des parcours personnalisés, ou collectifs, par l’entremise de parcours individualisés. La FOAD peut par ailleurs être dispensée par des institutions d’enseignement, des entreprises ou d’autres types d’organisations, et exiger ou non des prérequis.
Ce qui la caractérise avant tout c’est la souplesse de sa modalité d’organisation pédagogique – temps modulables, espaces variables et modes d’action différenciés –, qui la rend plus accessible que la formation traditionnelle. L’usage du terme « ouvert » dans son nom réfère à cette flexibilité qu’elle offre à la fois à l’apprenant et à l’organisation qui la dispense, alors que dans le cas du MOOC, il renvoie à la gratuité. Visant à faciliter l’accès à la formation professionnelle, la FOAD n’est donc pas nécessairement gratuite et mène souvent à une diplomation ou à une certification.
Mentionnons enfin que la FOAD peut être intégrée à une formation dite « hybride » ou « mixte », soit une formation dont une partie est donnée en ligne et l’autre en présentiel, peu importe lequel de ces modes est le plus important. LA FOAD peut aussi inclure des activités d’apprentissage individuel de même que des activités d’apprentissage coopératif.
Auteure:
Catherine Meilleur
Rédactrice de contenu créatif @KnowledgeOne. Poseuse de questions. Entêtée hyperflexible. Yogi contemplative.
Catherine Meilleur possède plus de 15 ans d’expérience en recherche et en rédaction. Ayant travaillé comme journaliste, vulgarisatrice scientifique et conceptrice pédagogique, elle s’intéresse à tout ce qui touche l’apprentissage : de la psychopédagogie aux neurosciences, en passant par les dernières innovations qui peuvent servir les apprenants, telles que la réalité virtuelle et augmentée. Elle se passionne aussi pour les questions liées à l’avenir de l’éducation à l’heure où se pointe une véritable révolution, propulsée par le numérique et l’intelligence artificielle.
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