En se basant sur son étymologie, on peut résumer la métacognition par la faculté d’aller « au-delà de » (méta) l’« acte d’apprendre » (cognition). Nous la sollicitons tous au quotidien, de façon plus ou moins consciente. Or, développer sa métacognition est l’une des meilleures façons d’améliorer la qualité de ses apprentissages, peu importe leur nature, et le premier exercice pertinent en ce sens est de prendre conscience de cette faculté. Voici donc quelques pistes pour mieux la cerner!

« Connais-toi toi-même »

Quelque 500 ans avant notre ère, de grands penseurs jonglaient déjà avec cette notion de métacognition : on la retrouve dans la devise « Connais-toi toi-même » que Socrate a faite sienne, de même que dans cet extrait des entretiens de Confucius : « Veux-tu que je t’enseigne le moyen d’arriver à la connaissance? Ce qu’on sait, savoir qu’on le sait; ce qu’on ne sait pas, savoir qu’on ne le sait pas : c’est savoir véritablement. »

C’est toutefois le psychologue américain John H. Flavell qui, dans ses travaux des années 1970, a été le premier à nommer la notion de métacognition et à énoncer ses fondements théoriques, d’ailleurs toujours considérés de nos jours. Pour Flavell, la métacognition « se réfère aux connaissances du sujet sur ses propres processus et produits cognitifs. Elle renvoie aussi au contrôle actif, à la régulation et à l’orchestration de ces processus » (Flavell cité par Doly, 1997). Plusieurs autres universitaires ont après lui exploré la notion et apporté leur pierre à l’édifice de sa compréhension et de ses possibilités.

Ajoutons à cette contribution celle des neurosciences qui nous a permis ces dernières années d’approfondir notre connaissance du cerveau. En plus d’être au fait que le siège de nos facultés métacognitives se situe dans notre cortex frontal, on sait désormais que notre « matière grise » est capable d’une certaine plasticité, et ce tout au long de notre vie. On en connaît aussi davantage sur la mémoire et les mécanismes de l’apprentissage. Ces découvertes ne font que réaffirmer la pertinence de continuer d’explorer notre potentiel métacognitif!

Définitions complémentaires

Voici trois autres définitions généralistes qui peuvent compléter celle de Flavell datant de 1976 :

La métacognition est…

→ un domaine qui regroupe : les connaissances introspectives et conscientes qu’un individu particulier a de ses propres états et processus cognitifs; les capacités que cet individu a de délibérément contrôler et planifier ses propres processus cognitifs en vue de la réalisation d’un but ou d’un objectif déterminé. — Gombert, 1990

→ un processus mental dont l’objet est soit une activité cognitive, soit un ensemble d’activités cognitives que le sujet vient d’effectuer ou est en train d’effectuer, soit un produit mental de ces activités cognitives. La métacognition peut aboutir à un jugement (habituellement non exprimé) sur la qualité des activités mentales en question ou de leur produit et éventuellement à une décision de modifier l’activité cognitive, son produit ou même la situation qui l’a suscitée. — Noël, 1997

→ le regard qu’une personne porte sur sa démarche mentale dans un but d’action afin de planifier, évaluer, ajuster et vérifier son processus d’apprentissage. — Deaudelin et Lafortune, 2001

De la cognition à la métacognition

  • La « cognition » fait référence à l’ensemble des processus relatif à nos facultés mentales : attention, raisonnement, mémorisation, conceptualisation, etc. Elle nous permet en somme d’acquérir des informations sur notre environnement et de les interpréter pour régler notre comportement.
  • Le préfixe « méta » signifie non seulement d’aller « au-delà de » (la cognition), il évoque aussi la réflexion, la participation, la succession et le changement.
  • La métacognition se distingue de la cognition par le caractère conscient ou contrôlé des processus impliqués ainsi que par l’aspect sémantiquement pénétrable du domaine en question (Yzerbyt, Lories et Dardenne, 1998).
  • La métacognition n’est pas une action simple sur la cognition, mais un processus de réflexion, verbalisé ou non, que l’apprenant met en branle lorsqu’il perçoit l’environnement comme un problème à résoudre. À travers ce processus, l’apprenant doit aussi donner un sens à l’environnement en question.
  • Comme la cognition toutefois, la métacognition n’implique pas uniquement nos facultés mentales, mais aussi notre motivation et nos émotions.

La métacognition en vrac

  • Cette faculté nous permet d’identifier nos erreurs, nos réussites et de comprendre leur origine.
  • Elle se développe dès l’enfance, mais on peut l’améliorer tout au long de notre vie.
  • On la mobilise dès qu’on tente d’apprendre quelque chose de nouveau qui va au-delà du simple automatisme; autrement dit, dans toute tâche qui requiert une planification ou un retour sur soi.
  • Elle peut porter sur des tâches abstraites comme concrètes (dites « manuelles »). Dans ce dernier cas, pour faire image, on donne souvent l’exemple de l’assemblage d’un meuble en kit, une tâche qui exige qu’on réactive nos connaissances et compétences en montage de meubles et qu’on la planifie, dans une certaine mesure, pour pouvoir la mener à bien (atteindre un but).
  • On l’associe parfois à l’idée d’« apprendre à apprendre », mais il est plus juste de la résumer par un ensemble de « cognitions sur nos cognitions » ou par la « connaissance de nos propres processus cognitifs ».
  • En développant nos compétences métacognitives, on peut espérer améliorer la qualité de nos apprentissages de même que notre autonomie comme apprenant, deux atouts de taille pour réussir en autoformation et en apprentissage en ligne.

Décomposons la notion!

Si plusieurs chercheurs ont suggéré au fil du temps leur interprétation de la métacognition, nous nous limiterons ici à présenter ses composantes en nous basant sur les principales définitions généralistes qui ont été formulées.

La métacognition comprend 3 composantes :

  1. Les connaissances métacognitives
  2. Les stratégies métacognitives
  3. Les expériences métacognitives

Les connaissances métacognitives

Ces « connaissances » comprennent des faits, mais aussi des croyances et des souvenirs. Elles ne sont pas forcément exactes et peuvent être incomplètes. Les connaissances métacognitives, si elles ont le potentiel de nous aider à atteindre un objectif, peuvent donc aussi au contraire lui faire obstacle.

Elles englobent ce que l’on sait…

  • De soi : les représentations que l’on se fait de notre personnalité, nos forces, nos faiblesses, notre façon d’apprendre, etc.
  • De la tâche : les représentations que l’on se fait de la nature et du contexte de la tâche, de son exigence, son utilité, etc.
  • Des stratégies cognitives : ce que l’on sait des méthodes les plus efficaces pour mener une activité à bien

Les stratégies métacognitives

Aussi appelées « compétences » ou « habiletés » métacognitives, ces stratégies sont de deux ordres et s’effectuent consciemment. On parle, en premier lieu, de suivi ou de « monitoring » métacognitifs et, en second lieu, de contrôle ou de « régulation » métacognitifs.

  • Le suivi métacognitif est un processus d’auto-observation qui consiste à surveiller et à évaluer nos stratégies cognitives pour voir si elles sont en voie de nous permettre d’atteindre notre objectif.
  • Le contrôle métacognitif consiste pour sa part à passer à l’action en fonction des observations faites. C’est ici qu’on détermine si on doit modifier ses stratégies et se corriger. C’est aussi à l’aide du contrôle métacognitif qu’on planifie et qu’on gère les tâches à accomplir.

Les expériences métacognitives

Comme les décrivent deux théoriciens, les expériences métacognitives sont le « produit du processus de monitoring de la cognition » (Büchel, 2013a; Efklides, 2001). Elles sont rendues possibles par l’arrimage des connaissances et des stratégies métacognitives en vue d’atteindre un objectif. Les émotions et la motivation ont un rôle considérable à jouer sur la façon dont on vit nos expériences métacognitives.

Catherine Meilleur

Auteure:
Catherine Meilleur

Rédactrice de contenu créatif @KnowledgeOne. Poseuse de questions. Entêtée hyperflexible. Yogi contemplative.