De K12 aux études postdoctorales, en passant par la formation en entreprise, l’apprentissage en ligne permet de développer une grande variété de compétences techniques et professionnelles. Alors qu’elle gagne en popularité, quels défis l’attendent?
On recourt de plus en plus à l’apprentissage en ligne pour acquérir de nouveaux savoirs en continu. Pour prendre un exemple près de nous, en 2015 plus de 30 000 étudiants de l’Université Concordia ont choisi de suivre l’un des 70 cours offerts par eConcordia. Au Québec, une unité (crédit) universitaire représente un minimum de 45 heures d’activités d’apprentissage. À Concordia, cela se traduit chaque année par plus de 4 millions d’heures d’apprentissage.
Le transfert de connaissances
Les entreprises et les établissements d’enseignement qui entament le virage vers l’apprentissage numérique se butent à un épineux problème. Dans le sens le plus traditionnel, le formateur représente l’expert de sa matière et il enseigne dans un contexte physique défini, notamment en classe ou en milieu de travail. Le contenu « c’est le cerveau », puisque le corpus des connaissances provient du formateur (et parfois d’un PowerPoint).
En perdant le formateur, par exemple s’il prend sa retraite, on perd à la fois l’individu et son bagage de connaissances. Loin d’être anecdotique, cette situation prend des allures de véritable crise selon le recensement de 2011, alors que les travailleurs de 55 ans et plus y comptent pour 18,7 % de l’ensemble des employés au Canada, comparé à 15,5 % en 2006. Cette situation résulte du vieillissement des baby-boomers et d’une présence accrue de travailleurs plus âgés sur le marché du travail. Les départs à la retraite massifs entraînent une vague d’érosion des compétences dans les entreprises.
En réaction à cette crise, certaines d’entre elles tentent dans l’urgence de documenter les savoirs acquis pour les transmettre sous forme de cours en ligne. La banque d’information de la PME convertie en ressources numériques (textes, audio, vidéos, études de cas, graphiques, animations, etc.), le contenu se trouve donc désormais « dans la machine ».
Autre format, autres défis
C’est ici que cela devient intéressant. Les entreprises peinent à gérer ce savoir critique, que ce soit sur le plan humain ou sur celui « de la machine ». Même s’ils arrivent à transférer leur contenu sur une plateforme numérique, celui-ci doit être conservé pour pouvoir s’avérer profitable à long terme. Autrement, ce capital numérique risque de devenir obsolescent, de se dégrader (technologiquement parlant), sans compter qu’augmentent les risques liés à l’empreinte numérique laissée par les apprenants (vie privée, confidentialité et propriété intellectuelle).
La technologie permet d’étendre l’apprentissage à un plus vaste auditoire, dans un contexte plus flexible et plus structuré. Néanmoins, les enjeux plus larges de la gestion de l’apprentissage numérique (incluant le traitement des contenus, les objectifs numériques, l’expérience utilisateur et la protection de la vie privée) doivent être au cœur des réflexions des départements de formation et des institutions d’enseignement supérieur. Je souhaite que tous les acteurs de l’apprentissage en ligne placent la barre haut pour gérer ces enjeux et qu’on embrasse cette ère excitante pour l’enseignement et la formation.
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