Avec les changements en accéléré du numérique, notamment ceux de l’intelligence artificielle (IA), le monde du travail est à l’aube d’une véritable révolution. Si bien qu’un groupe de réflexion californien mené par l’Institut du Futur a estimé que 85 % des métiers qui seront exercés en 2030 n’ont pas encore vu le jour.

C’est dans la foulée de ces constats et après avoir interviewé une trentaine d’acteurs pertinents de divers horizons qu’Isabelle Rouhan, présidente du cabinet de recrutement Colibri Talent, a écrit Les métiers du futur, en collaboration avec Clara Doïna Schmelk. En plus de réflexions sur le monde du travail de demain, on y retrouve une typologie de métiers susceptibles de l’articuler. Ces métiers sont classés en trois grandes catégories dont voici un aperçu!

  1. Les univers et métiers en évolution

Ils existent déjà, mais sont appelés à se transformer en raison de l’automatisation.

À titre d’exemple :

  • Le professeur d’aujourd’hui deviendrait le professeur du futur, qui se déclinerait en trois modèles : des professionnels qui créeraient des formations en ligne, d’autres qui verraient à mettre celles-ci en ligne sur des plateformes et d’autres qui se spécialiseraient dans le mentorat de l’apprenant.
  • Le scientifique des data d’aujourd’hui deviendrait l’interprète des data, qui serait un chef de projet garant de l’absence de biais dans les algorithmes. Il agirait à la fois en voyant à poser la bonne problématique — par exemple, prédire une performance —, à la résoudre en recourant à la datascience et à interpréter de manière utile les résultats obtenus.

  1. Les univers en révolution

Sous l’influence de l’automatisation, ces univers devraient connaître des changements radicaux.

À titre d’exemple :

Dans le monde de l’entreprise, la façon de mener à bien un projet est susceptible de changer avec l’adoption des méthodes AGILE. Il devrait en aller de même en gestion, alors que les gestionnaires pourraient recourir aux neurosciences — devenant des neuro-managers — pour optimiser le travail qu’ils font avec leur(s) équipe(s).

  1. Les métiers en innovation radicale

À l’heure actuelle, ces métiers n’existent pas!

À titre d’exemple :

  • L’éducateur de robot aurait pour mission de cerner et d’encadrer les limites, contraintes et droits qui devront s’appliquer aux robots; autrement dit, de définir ce qui serait permis dans la programmation des algorithmes afin d’assurer que dans les rapports humains/machines, les droits des premiers soient respectés.
  • Le hackeur étique serait pour sa part celui qui, tel un pirate informatique, mettrait à l’épreuve les systèmes informatiques pour faire en sorte que nos données soient protégées de toutes les formes de violations possibles.

Donner du sens : l’atout proprement humain

Il semble que pour se démarquer de la machine, le travailleur humain de 2030 devra tabler sur sa capacité à « donner du sens ». Sans prétendre que l’avenir lui donnera forcément raison, Isabelle Rouhan se fait néanmoins convaincante dans l’avant-propos de son livre.

« Cette projection repose surtout sur une conviction profonde : dans un monde qui se transforme, la valeur ajoutée consiste à donner du sens. C’est la finalité de chacun des métiers qui sont détaillés dans ce livre, et le point commun qui les réunit. »

L’agilité : savoir-faire de l’avenir

L’époque où l’on exerçait toute sa vie le même métier est bel et bien révolue. Comme l’explique Rouhan en entrevue, il faudra dans ce monde du travail du futur : capitaliser sur ses compétences comportementales (savoir-être, leadership et autres compétences non techniques), s’interroger régulièrement sur ses compétences, ainsi qu’être prêt à se former en permanence et à sortir de sa zone de confort.

Dans un tel contexte, le travailleur devra nécessairement se montrer « agile ». « Je pense que la première connaissance qu’il faut transmettre, en fait, c’est une connaissance d’agilité, c’est un savoir-faire d’agilité. Comme on va changer plusieurs fois de métier dans notre vie, et comme le métier qu’on va exercer dans 10 ans n’existe pas encore, ce qu’il faut, c’est accompagner les enfants, et plus tard les adultes, tout au long de leur vie, de façon à ce qu’ils aient cette capacité à être agiles, à se remettre en question, à se « reformer » s’il le faut », explique l’auteure.

On peut faire un lien entre l’importance de transmettre cette connaissance d’agilité qu’évoque Rouhan et la nécessité de développer ses compétences métacognitives, comme nous l’avons vu dans un article précédent. Rappelons que la métacognition est cette capacité à prendre du recul vis-à-vis de ses propres processus cognitifs pour pouvoir les ajuster afin d’atteindre un objectif. Tout indique qu’on devrait commencer à s’y intéresser de près!

En complément :

Catherine Meilleur

Auteure:
Catherine Meilleur

Rédactrice de contenu créatif @KnowledgeOne. Poseuse de questions. Entêtée hyperflexible. Yogi contemplative.