Savez-vous ce qu’est un biais cognitif et combien on en dénombre à ce jour? Êtes-vous au fait que certains biais cognitifs doivent être pris très au sérieux dans le monde de l’enseignement? Avez-vous une idée des moyens qui peuvent aider un enseignant à s’en prémunir? Pouvez-vous différencier un biais cognitif d’un mythe? Testez vos connaissances en répondant aux cinq questions suivantes.
Je vous invite d’entrée de jeu à répondre spontanément à la devinette qui suit :
« Je suis la sœur de deux athlètes olympiques. Pourtant ces deux athlètes ne sont pas mes sœurs. Comment est-ce possible? »
SOLUTION
« Ces deux athlètes olympiques sont mes frères! Ce n’est pas parce que je suis une fille que je n’ai que des sœurs. »
Bravo, si vous avez eu la bonne réponse! Votre esprit critique est bien entraîné. Il y a toutefois fort à parier que vous vous êtes trompé, bien que vous ayez cru réfléchir de façon tout à fait logique et rationnelle.
1. Vrai ou faux? Les biais cognitifs sont des distorsions perceptives dont on pourrait dire qu’ils sont à notre mental ce que les illusions d’optique sont à notre système visuel.
RÉPONSE
VRAI
Les biais cognitifs nous incitent au quotidien à porter des jugements erronés ou à prendre de mauvaises décisions. Ces raccourcis de l’esprit qui permettent au cerveau de simplifier le traitement de l’information sont inévitables, mais on peut apprendre à mieux les détecter, en commençant par en avoir une meilleure connaissance.
Voici deux exemples de biais cognitifs fréquents :
Le biais de confirmation. Aussi appelé biais de confirmation d’hypothèse, ce biais cognitif est cette tendance à privilégier les informations qui vont dans le sens de nos hypothèses ou idées préconçues et à sous-estimer ou ignorer les informations qui jouent en leur défaveur.
L’excès de confiance. Ce biais cognitif qui toucherait plus de la moitié d’entre nous (!) consiste à surestimer ses capacités, notamment par rapport à celles des autres. Nous serions de ce fait nombreux à estimer jouir d’une intelligence supérieure à la moyenne…
Pour en savoir plus : Biais cognitifs : quand notre cerveau nous joue des tours
2. Environ combien de biais cognitifs dénombre-t-on à ce jour?
A) Une douzaine
B) Une centaine
C) Quelque 250
D) Plus de 500
RÉPONSE
C.
On dénombre quelque 250 biais cognitifs que l’on classe en général dans l’une des cinq catégories suivantes :
Biais… | Notre perception est affectée par… |
---|---|
attentionnels ou d’attention | des facteurs sélectifs de notre attention |
mnésique | des facteurs en lien avec notre mémoire |
de jugement | une déformation de notre jugement |
de raisonnement | des paradoxes dans notre raisonnement |
liés à la personnalité | des facteurs socioculturels |
Notons que certains incluent aussi dans cette catégorisation les biais sensori-moteurs.
Pour en savoir plus : Biais cognitifs : quand notre cerveau nous joue des tours
3. Comment se nomme le biais cognitif décrit ci-dessous?
Ce biais cognitif se manifeste lorsque le simple fait de montrer à quelqu’un que l’on croit en ses chances de réussir influence ses performances, en particulier si on est en position d’autorité ou d’influence par rapport à cette personne.
A) Le biais de l’angle mort de polarisation
B) L’effet de halo
C) La malédiction de la connaissance
D) L’effet Pygmalion
RÉPONSE
D.
L’effet Pygmalion (ou effet Rosenthal et Jacobson) a été nommé en référence à cette légende de la mythologie grecque selon laquelle le roi-sculpteur Pygmalion est tombé amoureux de Galatée, sa création, une statue rendue vivante. Cet effet peut s’immiscer dans la relation enseignant-apprenant et avoir des effets non négligeables sur l’apprentissage. C’est aussi le cas des trois autres biais que sont le biais de l’angle mort de polarisation, l’effet de halo et la malédiction de la connaissance.
Pour en savoir plus :
4. Vrai ou faux? Outre les biais cognitifs, certains mythes peuvent représenter un frein à l’apprentissage.
RÉPONSE
VRAI
Eh oui! Certains mythes ont la « couenne dure » et peuvent entraver l’apprentissage. C’est le cas des trois suivants :
- Ceux qui dorment peu sont plus productifs.
- Se sentir confus et frustré en apprentissage est mauvais signe.
- Connaître son « style » d’apprentissage est un must.
À ne pas confondre avec les biais cognitifs, les mythes sont idées reçues partagées en masse qui se parent d’une aura de crédibilité, mais qui sont fausses.
Pour en savoir plus : 3 mythes qui vous empêchent d’apprendre
5. Lesquels des moyens suivants peuvent permettre aux enseignants de lutter efficacement contre les biais cognitifs?
A) Développer sa « résistance cognitive » ou « apprendre à penser contre soi ».
B) Se fier davantage à son intuition.
C) Avoir des attentes élevées envers ses étudiants.
D) Avoir des attentes basses envers ses étudiants.
RÉPONSE
A. et C.
D’abord, tout enseignant doit impérativement connaître le phénomène des biais cognitifs et chercher à s’en prémunir pour favoriser la réussite de chaque apprenant. Le moyen d’y parvenir selon le chercheur en psychologie du développement et neuroscientifique Olivier Houdé est de développer sa « résistance cognitive » ou « d’apprendre à penser contre soi » (voir Les 3 vitesses de la pensée). Les professeurs et chercheurs David Trouilloud et Philippe Sarrazin suggèrent pour leur part d’« inciter l’enseignant à avoir des attentes élevées pour ses élèves », en évoquant l’étude de Madon et ses collègues qui ont observé que l’impact positif d’attentes élevées semble surpasser l’impact négatif d’attentes faibles de la part des enseignants envers leurs apprenants. Selon leur synthèse, Trouilloud et Sarrazin notent que les attentes élevées participent de quatre façons à optimiser la réussite des apprenants, puisque les enseignants sont plus enclins à :
- Créer un climat affectif plus chaleureux.
- Fournir plus d’informations sur les performances réalisées.
- Donner davantage de contenu et des contenus plus difficiles à apprendre.
- Donner plus d’opportunités aux apprenants de répondre aux questions et d’en poser.
Pour en savoir plus :
Auteure:
Catherine Meilleur
Rédactrice de contenu créatif @KnowledgeOne. Poseuse de questions. Entêtée hyperflexible. Yogi contemplative
Catherine Meilleur possède plus de 15 ans d’expérience en recherche et en rédaction. Ayant travaillé comme journaliste, vulgarisatrice scientifique et conceptrice pédagogique, elle s’intéresse à tout ce qui touche l’apprentissage : de la psychopédagogie aux neurosciences, en passant par les dernières innovations qui peuvent servir les apprenants, telles que la réalité virtuelle et augmentée. Elle se passionne aussi pour les questions liées à l’avenir de l’éducation à l’heure où se pointe une véritable révolution, propulsée par le numérique et l’intelligence artificielle.
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