Des multiples générations du Web, c’est de la seconde, communément appelée « 2.0 », dont on a le plus entendu parler. C’est celle qui a marqué l’avènement de la toile en tant que plateforme dynamique, participative et mondiale sur laquelle l’utilisateur est devenu acteur. Plus récemment, les étiquettes « 3.0 », « 4.0 » et parfois même « 5.0 » ont fait leur apparition pour marquer les plus récentes mutations de ce Web évolutif; mutations qui sont non seulement technologiques, mais aussi sociologiques. Bien que les experts ne s’entendent pas tous sur la distinction entre ces différentes phases du Web, nous vous en présentons la version la plus courante, qui sans être exhaustive devrait vous aider à mieux saisir l’évolution de cet outil qui fait désormais partie intégrante de nos vies.

Le Web 1.0 : le statique

  • Période : décennie 1990
  • Objectif : distribuer l’information

Aussi dit « classique », « traditionnel » ou « documentaire », ce Web de première génération est fait de pages statiques présentant un contenu limité d’hypertexte ou d’hypermédia, rarement mis à jour et en mode « lecture seule ». Le plus souvent monodirectionnels, les sites web de cette ère sont des genres de catalogues ou de brochures d’entreprises ou d’organisations, parfois transactionnels, destinés aux particuliers. Ils permettent de publier des informations pouvant être consultées en tout temps par l’ensemble des utilisateurs ainsi que d’établir une présence en ligne. Le courriel et les forums de discussion sont les deux modes de communications rattachés à ce Web.

Le Web 2.0 : le participatif

  • Période : décennie 2000
  • Objectif : connecter les utilisateurs et partager du contenu

C’est le manque de possibilités d’interactions entre les utilisateurs qui a mené au développement du Web 2.0. Celui-ci signe l’ère d’une certaine démocratisation de la toile, dans le sens où l’utilisateur en devient aussi acteur et concepteur. C’est qu’en plus d’offrir davantage de possibilités que la précédente version, tout en étant plus simple d’utilisation, ce Web permet aux utilisateurs non seulement d’en retirer de l’information, mais aussi de partager des contenus, d’en modifier certains et d’en créer. Les plateformes sont interactives, les applications participatives, les sites dynamiques et les contenus illimités. Ce Web, accessible aux utilisateurs professionnels comme amateurs, les met en contact où qu’ils soient dans le monde et devient un espace de socialisation, alors que ceux-ci se regroupent en communautés et que naissent les réseaux sociaux.

L’avènement du 2.0 marque notamment l’apparition des blogues et des microblogues, des encyclopédies et des portails collaboratifs, de la syndication de contenu et du journalisme citoyen. Il signe aussi l’explosion du commerce en ligne de même que l’émergence des applications centralisées — les géants du Web que sont devenus Facebook, Google, Amazon et Microsoft, que l’on désigne désormais couramment par l’acronyme GAFAM — qui collectent sur leurs très nombreux utilisateurs des données qui sont ensuite monétisées via la publicité ciblée.

Le Web 3.0 : le sémantique

  • Période : décennie 2010
  • Objectif : donner du sens aux données, connecter le savoir et guider les utilisateurs selon leur contexte

Le Web a donné au plus grand nombre un accès direct à une quantité effarante d’informations tout en permettant de collecter sur les utilisateurs une foule de renseignements. Il est ainsi devenu une immense banque de données, données que l’on a baptisées « mégadonnées » (Big Data) en raison de leur volume colossal. Dans cet univers d’« infobésité », il s’est avéré impératif — et possible, grâce à l’intelligence artificielle (IA) — d’intégrer au Web des technologies facilitant le partage et la réutilisation de contenus à la fois entre utilisateurs (humains), entre « machines » (programmes ou agents logiciels) ainsi qu’entre utilisateurs et machines.

L’usage des métadonnées (données sur les données) est devenu indispensable pour décrire et classifier les mégadonnées, d’où le recours au terme « sémantique » (qui concerne le sens, la signification) pour décrire ce Web 3.0. Cette sémantique permet ainsi d’organiser les ressources de la toile afin que la machine puisse mieux répondre aux demandes des utilisateurs. Pensons, par exemple, à l’usage des mots-clés pour la recherche et la promotion de contenus, des filtres individuels pour le magasinage en ligne ou encore à la recherche visuelle qui permet d’obtenir de l’information sur un sujet à partir d’une image. En résumé, on peut dire de la génération 3.0 du Web qu’elle vise à donner du sens aux données, à connecter les savoirs et à offrir une expérience plus personnalisée à l’utilisateur, qui par ailleurs est plus mobile que jamais.

Le Web 4.0 : l’« intelligent »

  • Époque : depuis 2020
  • Objectif : connecter le réel et le virtuel, faciliter les interactions entre utilisateurs et objets, favoriser l’intelligence collective et l’innovation

Le Web 4.0 s’inscrit dans un contexte où l’intelligence artificielle (IA), l’apprentissage automatique (ou apprentissage machine), l’Internet des objets et la réalité augmentée et virtuelle notamment sont de plus en plus sophistiqués et intégrés à notre quotidien. Ce n’est que le début d’un monde dans lequel le numérique et le physique fusionnent. Et ce Web de quatrième génération dit « intelligent » tendra à se faire plus direct, invisible, omniprésent et ubiquitaire, puisqu’il sera en symbiose avec les objets connectés de l’environnement de l’utilisateur. Ces objets et ce Web comprendront de mieux en mieux le langage naturel (notre langage), sauront analyser le comportement des utilisateurs afin de répondre à leurs besoins, parfois même sans l’intervention de ces derniers et sans qu’ils aient besoin de passer par un écran numérique. Ce Web est donc un élément clé dans ce que l’on appelle la virtualisation du monde ou révolution « phygital » (pour « fusion du physique et du « digital » ») dans lequel l’être humain et l’informatique interagiront avec de plus en plus de fluidité.

Certains évoquent déjà l’idée d’un Web 5.0, censé se faire symbiotique, télépathique, sensoriel et émotif. Un Web que l’on peut en quelque sorte concevoir comme l’aboutissement du 4.0, voire l’aboutissement du Web tout court, puisqu’en totale symbiose avec l’utilisateur… Pour l’instant, cette cinquième version reste du domaine de la science-fiction.

Catherine Meilleur

Auteure:
Catherine Meilleur

Rédactrice de contenu créatif @KnowledgeOne. Poseuse de questions. Entêtée hyperflexible. Yogi contemplative

Catherine Meilleur possède plus de 15 ans d’expérience en recherche et en rédaction. Ayant travaillé comme journaliste, vulgarisatrice scientifique et conceptrice pédagogique, elle s’intéresse à tout ce qui touche l’apprentissage : de la psychopédagogie aux neurosciences, en passant par les dernières innovations qui peuvent servir les apprenants, telles que la réalité virtuelle et augmentée. Elle se passionne aussi pour les questions liées à l’avenir de l’éducation à l’heure où se pointe une véritable révolution, propulsée par le numérique et l’intelligence artificielle.